samedi 20 août 2011

Arctic Monkeys - Suck It And See (2011)





Nous sommes en 2008. Les quatre membres de la bande de Sheffield traversent l'Atlantique et rejoignent les rangs de la famille du "Desert Rock" sous l'aille protectrice du parain Josh Homme. L'initiation est rapide, la surprise est grande. Si la patte du géant roux y est patente, "Humbug" (2009) reste pourtant bel et bien un album des Arctic. S'en suit une tournée mondiale, accompagné d'autres soldats de la nébuleuse "Homme" : les "Eagles Of Death Metal".
Nos ouistitis s'affranchissent vite. Eux-seuls mènent leur barque, et celle-ci regagne les côtés britanniques.
Deux ans plus tard, les Arctic Monkeys sont de retour. Et de nouveau, surprise!
"Suck It and See" est en ligne sur Deezer. "Domino", la maison de disques dévoile l'entièreté de l'opus un mois avant sa sortie physique. Première écoute, premiers avis : l'album est "calme". La spontanéité, marque de fabrique du groupe sur leurs deux premiers albums, a définitivement laissé la place à un effort de composition plus soigné. A l'écoute de "Suck It And See", on se dit que le travail amorcé sur "Humbug" fait quasi effet d'annonce. Les arrangements sont nombreux et léchés, les structures et les mélodies toujours plus subtiles. Si les premières écoutes ne remportent pas l'adhésion immédiate et complète, l'album gagne pourtant à être réécouté, encore et encore, écoute après écoute, "brick by brick"... Alors, se dégage de l'ensemble de l'opus l'impression qu'on a affaire à un sacré disque. Cohérent, riche, plein à craquer en idées géniales mais avec l'agréable sensation de légèreté qui sied aux pépites pop. Chaque chanson prend appui sur la précédente pour que puisse mieux se dégager le sentiment qu'on a affaire à un grand album et plus à la compilation (certes habile) de tubes que l'on éprouvait à l'écoute de "Whatever People Say I Am, That's What I'm Not" par exemple.
Nous sommes en 2011, et je me dis (j'espère) que la trajectoire suivie par les Arctic Monkeys continuera sûrement de surprendre qui veut bien en être le témoin.

lundi 17 janvier 2011

Mini Mansions - Mini Mansions (2010)





Chaque sortie chez "Ipecac Recordings" est un petit évènement. L'idée de base est simple, "Ipecac" se refuse de produire un genre ou style musical prédéfini. Chaque groupe labellisé "Ipecac" doit proposer une expérience unique et inédite. Pratiquement, cela donne souvent des albums terribles mais pas forcément faciles d'accès.

Et puis, il y a les pépites : le genre d'albums qui sont capables d'envoyer se faire voir ce qui s'est fait de mieux pendant 20 ans et d'ouvrir une nouvelle perspective au monde musical. Dans le monde de la Pop, "Mini Mansions" est de ceux-là ! Exit Blur, Oasis, et les autres. Voici enfin le seul candidat sérieux pour panser la plaie laissée par la traumatique séparation des Beatles en 1970.

En douze titres, Mini Mansions réanime la pop et donne vie au digne successeur de "Abbey Road". A l'écoute, tout est clair, pas la moindre hésitation, l'opération est un succès. Ces chirurgiens sont bel et bien des artistes. Dès les premiers instants, ils investissent le bloc opératoire sans trembler face à l'ampleur du défi qu'ils se sont fixés. Alors que le travail de boucher commis par une interminable liste de formations prétendantes au titre en aurait glacé plus d'un, les Mini Mansions eux ne prétendent à rien, et c'est tant mieux! Il n'y a aucun calcul d'égo ou d'orgueil dans l'opération du trio américain, ils retrouvent alors tout le naturel et le charme qui opérait chez les divins anglais. Passée l'introduction, "The Room Outside" est époustouflant tant le  trio semble maîtriser son sujet. En plus de rappeler les meilleures heures du quatuor de Liverpool, Mini Mansions convoque les Queens Of The Stone Age (Michael Shuman, ici à la guitare, à la batterie, au clavier et au chant est aussi bassiste de QOTSA depuis 2007). Leur pop en sort rafraîchie, scintillante, et même  avant-gardiste sans pour autant concéder sur son audibilité.

L'opération se poursuit dans l'évidence, Wunderbars évoque "Because" et passé Vignette#2, Mini Mansions nous rappellent que leur musique appartient au 21eme siècle, que cette époque compte des groupes comme Battles, Chrome Hoof... La fin de "Majik Marker" aurait pu être l’achèvement d'un album déjà bien rempli. Il n'en est rien.

Les trois derniers titres d'une beauté noire et enivrante énoncent le constat de conclusion, même les meilleurs chirurgiens ne viendront jamais à bout de ce type de traumatisme. L'opération est techniquement un succès, mais il y a 40 ans déjà, la vie avait quitté le corps des Beatles pour se loger ailleurs. "Mini Mansions" est un album nécessaire, abouti, et conclusif. La musique ne trouvera pas d'échappatoire dans le culte des idoles passées, voilà ce que laissent entendre les américains. Une démonstration par l'absurde donc, mais d'une classe inégalée, intégrale et sacrément délectable.

dimanche 2 janvier 2011

Surfer Rosa / Killin The Past (2010)



"Killin The Past" est le premier E.P. des Français SURFER ROSA. Il est sorti début octobre via le label Sunny Weeks Production.

"Surfer Rosa" c'est aussi le titre du premier album des Pixies, et ça n'a rien d'étonnant. Pas que la musique du duo ait beaucoup à voir avec celle de la bande à Franck Black et Kim Deal, disons plutôt que Surfer Rosa propose au court de ses 4 titres un jeu de référence et d'influence rock bien fichu. 
La référence principale de Surfer Rosa, c'est les Kills. C'est si évident que l'on s'intéresse d’emblée à ce que le groupe peut proposer d'autre. Le risque, c'est de n'avoir rien à proposer de très tangible. Il n'en est rien ici et dès la première chanson, ce sont les Stooges avec "I Wanna Be Your Dog" qui sont convoqués. "Velvet Feline" ressemble à une réponse, version féminine et 2010, à l'invitation maso faite par Iggy en 1969. Le chant lui se démarque fort du modèle Kills et revoie plutôt aux mouvement cold wave (Joy Division) et indé (Kim Gordon en tête). 
On peut d'ailleurs reprocher à Surfer Rosa l'antinomie assez déroutante "chant nonchalant et désincarné versus musique catchy et dansante", mais on ne peut pas leur reprocher d'aller avec autant de ferveur au bout du sillon qu'ils se sont tracé. 
"What Girls Like" poursuit le travail du duo. C'est le surf rock qui passe à la casserole, ça manque juste un peu de punch sur le refrain. Par contre, le final est vraiment jouissif et permet un impeccable enchaînement avec "Killin The Past". Ce troisième titre, le meilleur aussi, enfonce le clou. "What Girls Like" et "Killin The Past" assimilent mieux les références : on écoute plus Surfer Rosa, on cherche moins la comparaison.
Enfin, "Say Yes" clôture l'E.P. Les grattes très Rolling Stones amènent une autre dynamique, on lorgne du côté de la brit pop un brin psyché. Si Surfer Rosa délaisse un peu le "robot rock", c'est au profit d'autres registres mélodiques bien sentis.

En bref, au bout de quatre titres, Surfer Rosa impose une identité propre, un style singulier dans un genre pourtant très exploité, celui du rock dansant !


Bonne écoute !

samedi 25 décembre 2010

Arcade Fire - The Suburbs (2010)



C'était en 2004, le premier album des Arcade Fire intitulé "Funeral" rencontrait un succès critique colossal propulsant la troupe sur le devant de la scène avec la lourde charge de "sauver le rock".
Six ans plus tard, Arcade Fire n'a pas sauvé le rock. Leur deuxième album "Neon Bible" ayant eu pour mission de combler les attentes toujours plus lourdes de la presse et du public, a (forcément) déçu. Le parcours est quasi identique à celui, quelques années plus tôt, des Strokes, à la différence près que "Is this it?" méritait peut-être plus le déchaînement qu'il a suscité.

Bref, nous voilà en 2010, avec le troisième opus d'un groupe qu'on avait un peu oublié, perdu dans la soupe tiède que nous verse sans vergogne la majorité des stations fm.

Et pourtant, Arcade Fire sort son meilleur album à ce jour. Comme libéré de l'agitation médiatique qu'il avait alors suscité, le groupe se retrouve autour de chansons solides, riches et subtiles. Négociant un petit retrait de chacun de ses membres au profit de ses chansons, l'album en ressort plus unifié. On ne compte pas les tubes potentiels (Modern Man, City With No Children, Suburban War, Empty Room) et déjà avérés (We Used To Wait, Ready To Start et The Suburbs).

Les autres chansons ne sont pas en reste. Month Of May et Empty Room sont taillées pour la scène et rappellent beaucoup certains titres de "Funeral" : Wake Up et Neighborhood 3 (Power Out) entre autres. Arcade Fire compte s'installer sur la durée et, bien qu'il évolue, ne renie jamais son passé.

D'autres titres plus intimistes comme Deep Blue et Sprawl 1 ajoutent de nouvelles couleurs à un album déjà bien complet et nuancé. Sprawl 2 et sa touche electro un brin démago nous dirige droit vers la sortie. The Suburbs (Continued) clôture l'album pour mieux rappeler là où on l'avait démarrer avec ceci en plus que l'intimisme quasi poétique d'Arcade Fire y côtoie des nappes de synthés proches de Badalamenti, et une rythmique moderne, parfois froide mais jamais outrancière.

En somme, Arcade Fire livre un album riche et fin, qui relève haut la main le défi de l'écoute en boucle. "The Suburbs" se révèle à chaque nouvelle écoute et nous livre de nombreuses et subtiles trouvailles inaperçues jusqu'alors.

N.

samedi 11 décembre 2010

BOWEL SOUNDS OF A DEAF MAN - SHARGATH (2007)




Pour la première chronique, je me suis repenché vers ma bibliothèque "iTunes" plutôt que dans les nouveautés toutes droites sorties afin de profiter de la période des fêtes. Je n'ai pas eu non plus envie de chroniquer une livraison qui a déjà saturé tout l'espace médiatique, mais plutôt un disque quelque peu à part. 

A part tout d'abord dans sa conception, "Bowel Sounds Of The Deaf Man" est la première livraison entièrement auto-produite par le groupe belge Shargath. Elle est téléchargeable gratuitement et intégralement sur le site du groupe www.shargath.com !   

A part également dans son contenu, "Bowel Sounds" est un album de metal où puissance et intensité ne riment pas avec facilité et déjà vu, et où complexité et expérimentations n'incluent pas forcément longueur et démonstration.

Au contraire, les neufs chansons de cet opus sont directes. Le quartet n'a pas l'intention de nous faire attendre, la montagne russe est enclenchée et bien décidée à ne pas relâcher la pression un seul instant. La machine roule tellement bien que l'on pardonnera très facilement le mix un peu "roots" de la galette.

Dès "Chees Us", les riffs s'enchaînent tantôt raides et tendus, tantôt lourds et sinueux mais d'un groove toujours imparable. Le chanteur donne le ton, la section rythmique se charge du reste. Attachez vos ceintures, Shargath s'occupe de vous.

Les belges ont bien compris qu'un bon album doit tenir sur la longueur."Ski Spies Are Watching Us From Space", le deuxième titre nous offre une petite bouffée d'oxygène après un démarrage explosif.  Il ouvre entre autre sur un petit échantillon du registre mélodique dont ils sont capables mais permet surtout de reprendre la suite avec encore plus d'entrain. Au delà de la puissance impressionnante dont sont chargés les morceaux, une autre impression se dégage à l'écoute de l'opus : celle du plaisir communicatif que prend le groupe à jouer. Les Shargath sont futés, ils défoulent à mesure qu'ils nous excitent !

"Hairdressing Room" enfonce le clou. Le morceau, probablement l'un des plus réussis de l'album nous balade de bout en bout. On a le sentiment de ne plus trop savoir où tout a commencé mais sans celui, désagréable, d'être perdu. Le voyage est simplement jouissif.

Les riffs trash, black et death s'enchainent sur "I Crashed My Evil Puppets" tandis que le chant explore d'autres registres, développe des ambiances encore inédites dans l'opus.
"Nice Job For Miss Kutie" poursuit dans le sillon tracé par "I Crashed...", diminue le rythme mais convoque les musiciens dans un développement plus exotique et dansant. Puis, le morceau ne cesse de reprendre en puissance, il enchaîne passages heavy, puis death, et trouve enfin sa conclusion là où on l'avait laissé quelques minutes plus tôt. Si Bowel Sounds était un vinyle, on le retournerait maintenant.

"How To Make Your Friends Happy (No Fun)" rappelle "Chees Us", les Belges nous offrent un deuxième tour de manège. Les 2min50 sont brutales mais ne cessent de creuser notre appétit.

Les deux morceaux suivants continuent de convaincre et d'explorer d'autres ambiances, Shargath s'offre même une digression rap sur "Skull Of The Festish Slave". Le riff final saccadé annonce la fin de "Bowel Sounds".

Dernière descente infernale de la montagne russe, "Dying At The Trendy Party" résume à lui seul tout l'album, des riffs puissants et tordus, une section rythmique foudroyante, un chant schizophrène. Déroutant, excitant et percutant, Shargath est un groupe trop rare que pour passer à côté. Alors jetez-vous sur leur album, il est gratuit.

Excellente nouvelle, le troisième opus devrait bientôt sortir, gratuitement lui aussi !







lundi 6 décembre 2010

Présentations

Cette page est pour moi l'occasion de partager mes coups de coeur (ou coups de gueule) musicaux, cinématographiques ou plus largement artistiques. Je suis ouvert à la découverte, et reçois avec plaisir du matériel à chroniquer! Donc, si vous êtes artistes, que vous désirez faire publier un avis critique de votre oeuvre sur ce blog, contactez-moi via blognoize@hotmail.be !

Je souhaite à tous de belles découvertes!

N.